ISSN 2369-3045
Sorcières et sorciers. Figures d’un pouvoir clandestin
Dossier préparé par Alex Gagnon
Avant-propos
Alex Gagnon
Des bûchers au cinéma. La sorcellerie dans tous ses états
Docteur en littératures de langue française de l’Université de Montréal, où il a aussi été chargé de cours, Alex Gagnon a complété une thèse sur l’imaginaire social et l’histoire culturelle du crime au Québec. Paru dans la collection « Socius » des Presses de l’Université de Montréal, le livre qu’il a tiré de cette thèse (La communauté du dehors. Imaginaire social et crimes célèbres au Québec, XIXe – XXe siècle) a remporté plusieurs prix : le Prix étudiants-chercheurs étoiles du FRQSC (mai 2017), le Prix Gabrielle-Roy 2016, le Prix du meilleur livre de l’Association des professeur-e-s de français des universités et collèges canadiens (APFUCC) ainsi que le Prix du meilleur ouvrage de l’Association canadienne des études francophones du XIXe siècle (ACÉF-XIX). Alex Gagnon est actuellement stagiaire postdoctoral à l’UQÀM et à l’Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Essayiste, il a aussi publié, en 2017 chez Del Busso Éditeur, un recueil d’essais sur la société et la culture contemporaines intitulé Nouvelles obscurités. Lectures du contemporain.
Études
Ludovic Piffaut
L’opéra vénitien et le mythe de la sorcière (1638-1705) : enchantements, désenchantements et cruautés
[ezcol_1third]Professeur agrégé de Musique et Docteur en Musicologie, Ludovic Piffaut est chercheur associé au CRIHAM (Université de Poitiers). Ses recherches actuelles, qui portent sur les mécanismes de création de l’opéra italien des XVIIe et XVIIIe siècles en termes de livret d’opéra et de procédés musicaux, l’ont notamment amené à faire des contributions pour diverses revues et colloques dont : « Le mythe d’Alessandro et le répertoire pour ténor dans l’opéra italien entre 1730 et 1800 » (2017), « Les traductions françaises des livrets de Métastase et leurs connexions avec l’opéra Démophon (1788) de Marmontel et Cherubini » (2017), « Le Sardanapalo (1678) de Freschi : Pratiques théâtrales et musicales du contraste dans l’opéra vénitien du XVIIe siècle » (2015).
La sorcière est une figure dramatique récurrente dans l’opéra vénitien des XVIIe et XVIIIe siècles. Son origine remonte à l’Antiquité grecque lorsque Homère décrit les aventures de la sorcière Circé dans le chant X de son Odyssée. Véritable modèle pour les poètes italiens de la Renaissance et des siècles postérieurs, Circé devient, sous la plume de l’Arioste, Alcina. Grâce aux livrets d’Ivanovich, de Silvani et de Braccioli, les sorcières Circé et Alcina investissent les scènes vénitiennes dans des espaces forts différents mais qui observent toutefois des similitudes entre eux. C’est le jeu de ces réécritures poétiques puis dramatiques qui se livre au regard du spectateur et aujourd’hui à celui du musicologue. Transformations, enchantements, sacrifices et pratiques occultes, tels sont les éléments qui composent les ouvrages lyriques de cette période. À travers la sorcière, c’est toute la magie de l’opéra vénitien qui s’opère.
The sorceress is a recurring dramatic figure in Venetian Opera of the Seventeenth and Eighteenth centuries. Her birth goes back to Greek Antiquity when Homer described Circe’s adventures in his Odyssey (book 1). Circe was a real model for Italian poets of Renaissance and many subsequent centuries, notably when she became Ariosto’s Alcina. Thanks to Braccioli, Silvani and Ivanovich’s librettos, the sorceresses Circe and Alcina won over Venetian scenes in different, yet somehow similar, spaces. The poetic and dramatic rewriting delighted and impressed the audience back then and still raise questions to today’s musicologist. Transformations, enchantments, sacrifices and occult practices, all these elements formed the lyrical works of this period. Through the sorceress, Venetian magic is made.
Virginie Thomas
Morgan Le Fay dans la littérature et l’art britanniques au Moyen Âge et au XIXe siècle : entre fée et sorcière
[ezcol_1third]Virginie Thomas est professeure agrégée d’anglais et docteure en littérature anglophone. Elle enseigne en khâgne au lycée Champollion (France). Ses recherches portent sur les transpositions des légendes arthuriennes au XIXe siècle et sur la peinture préraphaélite. Ses publications les plus récentes sont : « Le portrait de la femme fatale dans l’œuvre de Frederick Sandys : entre séduction et sidération » et « Balin à l’époque victorienne : De Malory aux réécritures de Tennyson et de Swinburne ».
Morgan Le Fay est un personnage phare des légendes arthuriennes médiévales qui oscille entre le rôle de la sorcière et celui de la fée. Cette ambivalence intrinsèque du personnage, qui peut adopter aussi bien le rôle de protectrice de son demi-frère Arthur que celui de destructrice de la Table Ronde, a créé une forme de malaise chez les peintres et les auteurs victoriens qui, lors du Renouveau Arthurien, l’ont condamnée à l’oubli au profit d’autres personnages féminins comme Vivien/Nimue. À travers l’étude de trois textes canoniques médiévaux (Vita Merlini, Sir Gawain and the Green Knight, Le Morte d’Arthur), d’un poème victorien « Ogier the Dane », de plusieurs toiles préraphaélites de Frederick Sandys et Edward Burne-Jones, et de deux illustrations du Morte d’Arthur d’Aubrey Beardsley, nous allons montrer comment Morgan Le Fay passe, à travers les siècles, du statut de fée à celui de sorcière avant de retracer le chemin inverse et redevenir une fée.
Morgan Le Fay is a key character in medieval Arthurian legends. She constantly varies from the witch to the fairy. This inherent ambivalence of the character, who can either play the role of the protector of her half-brother, Arthur, or the role of the destructor of the Round Table, aroused a form of uneasiness among Victorian artists and writers during the Arthurian Revival: most of them condemned her to oblivion to the benefit of other female characters such as Vivien/Nimue. Through the study of three seminal medieval texts (Vita Merlini, Sir Gawain and the Green Knight, Le Morte d’Arthur), of a Victorian poem « Ogier the Dane », of three pre-Raphaelite paintings by Frederick Sandys and Edward Burne-Jones, and finally of two illustrations of The Morte d’Arthur by Aubrey Beardsley, I will try to show how Morgan Le Fay shifts through centuries from the status of the fairy to that of the witch before being transformed once again into a fairy.
Justine Breton
Merlin et Morgane : magie blanche et magie noire sur petit et grand écrans
[ezcol_1third]Agrégée de Lettres modernes, Justine Breton est docteure en littérature médiévale de l’Université de Picardie-Jules-Verne et ATER à l’ESPE de Laon. Sa thèse, soutenue en novembre 2016, porte sur la représentation du pouvoir dans la légende arthurienne et sur l’influence des textes médiévaux sur la réception contemporaine du mythe. Elle a notamment publié des travaux sur des films et des séries télévisées consacrés au roi Arthur (Sacré Graal, Kaamelott) et au Moyen Âge de fantasy (Game of Thrones, Warcraft).
La légende du roi Arthur, largement construite sur une logique duelle et manichéenne, oppose deux figures de sorciers qui contribuent au renouvellement constant de la narration : Merlin, l’enchanteur conseiller des souverains, et la fée Morgane, sorcière maléfique et avide de pouvoir. Bien qu’ancrée dans la tradition littéraire médiévale, cette répartition genrée des personnages entre le Bien et le Mal constitue une création du XXe siècle, largement développée par le cinéma et la télévision. Cet article propose un regard diachronique sur la construction de ce couple antithétique, en étudiant l’évolution de ces deux figures essentielles de la légende arthurienne et leurs rapports depuis leur apparition au XIIe siècle, dans les œuvres françaises et anglaises, jusqu’aux productions cinématographiques et télévisuelles majeures de la culture populaire : Les Chevaliers de la Table ronde (1953), Merlin l’Enchanteur (1963), Excalibur (1981), mais aussi les séries télévisées Kaamelott, Merlin et Camelot.
The legend of King Arthur mainly corresponds to a dual organization, and describes the opposition between two magic characters as a key aspect of the narrative : Merlin, the benevolent sorcerer who guides and helps kings, and Morgan le Fay, an evil witch eager for power. Even though this gendered and ethical opposition finds its roots in a medieval and literary tradition, the antagonism between Merlin and Morgan appears to be a modern creation, widely generalized by Arthurian films and TV series. This paper follows a diachronic perspective to study the construction of Merlin and Morgan as an antithetic couple, from their first appearance in French and English medieval literature of the 12th century to the most recent film and TV productions, including Thorpe’s Knights of the Round Table (1953), Disney’s The Sword in the Stone (1963), Boorman’s Excalibur (1981), the French TV series Kaamelott, the BBC’s Merlin and Starz’s Camelot.
Edith Perry
Une ténébreuse affaire : La Sorcière de Salem d’Elizabeth Gaskell
[ezcol_1third]Agrégée de lettres modernes et docteure en littérature, Edith Perry est chercheuse indépendante. Sa thèse portait sur l’œuvre romanesque de Julien Green. Elle a aussi publié des articles sur différents auteurs contemporains, tels Marie Nimier, Patrick Modiano, J.M.G Le Clézio, Andréï Makine…
Les sorcières ont cessé de ressembler aux sorcières des contes et légendes. Dans le roman d’Elizabeth Gaskell, la sorcière représente pour les Puritains le passé qu’ils refoulent, l’altérité qu’ils rejettent et le mal qui les habite mais qu’ils ne veulent pas voir. La ville de Salem est sens dessus dessous puisque les victimes et les accusateurs sont en fait coupables tandis que la coupable transformée en bouc émissaire devient par son sacrifice une figure christique. En fin de compte, la sorcière se révèle être une fiction ayant permis de remettre le monde à l’endroit.
Witches aren’t those of tales and legends anymore. In E. Gaskell’s novel, for the Puritans, the witch represents the past that they repress, the otherness that they reject and the evil that lives in them but that they refuse to see. The town of Salem is upside down : the victims and the accusers are found guilty while the guilty, transformed into scapegoats, become, through their sacrifice, Christ figures. Ultimately, the witch is a fiction that allows a return to order.
Régis-Pierre Fieu
The Witch de Robert Eggers : la sorcière, entre réalisme et romantisme
[ezcol_1third]Régis-Pierre Fieu est doctorant en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal et chercheur à Figura, sous la direction de Jean-François Chassay. Son mémoire de maîtrise, dirigé par Denis Mellier à l’Université de Poitiers, a porté sur le thème de la révolution et de l’amour dans deux œuvres dystopiques : 1984 et V Pour Vendetta. Régis-Pierre Fieu est également rédacteur en chef pour le site de critiques cinématographiques Écran d’arrêt et journaliste depuis près de dix ans dans la presse musicale en ligne. Il s’intéresse aux genres de l’imaginaire (politique-fiction, fantastique, science-fiction) mais la politique, la sociologie, la psychologie ainsi que le cinéma sont ses domaines d’intérêt principaux.
À l’heure où le cinéma fantastique met de l’avant la figure de l’enfant aux prises avec un réel monstrueux, The Witch de Robert Eggers vient réinvestir le mythe de la sorcière en mettant en scène une adolescente accusée de sorcellerie par sa famille. Confrontée à la Nouvelle-Angleterre inconnue, isolée aux abords d’une forêt, cette famille puritaine va attribuer ses malheurs croissants à Thomasin, l’aînée, tandis qu’un sentiment étrange se fait jour chez le spectateur : sorcière ou superstition ? The Witch réaffirme l’une des thèses sur l’origine des sorcières, celle mettant en lumière la création d’un bouc émissaire permettant à une collectivité de surmonter une situation précaire. Vue comme une sorcière en son temps, elle est également représentée par Robert Eggers comme une héroïne féministe, dans la tradition romantique initiée par Michelet.
At a time when the fantastic film genre features figures of childhood facing off the monstrosity of reality, The Witch by Robert Eggers reinvests the myth of the sorceress through the character of a young teenager accused by her family of practicing witchcraft. Confronted with the unknown New England, isolated on the outskirts of a forest, this family of Puritans will attribute its growing misfortunes to Thomasine, the eldest, while a strange feeling interferes with the spectator: witch or superstition? The Witch is a film that reaffirms one of the theses on the origin of this figure, namely the creation of a scapegoat to avenge a precarious economic situation. Viewed like a witch in her time, she is also represented by Robert Eggers as a feminist heroine, in the romantic tradition initiated by Michelet.
Anne Demorieux
Femmes rebelles : les héritières des sorcières dans deux romans italiens contemporains, La valle delle donne lupo de Laura Pariani (2011) et Le streghe di Lenzavacche de Simona Lo Iacono (2016)
[ezcol_1third]Anne Demorieux est professeure agrégée d’italien en Classe Préparatoire aux Grandes Écoles et chercheuse associée au laboratoire LIS (Littératures Imaginaire Sociétés) de l’Université de Lorraine. Docteure ès Littérature italienne, ses travaux portent sur la littérature patriotique du Risorgimento (« L’image des soldats dans les écrits de Caterina Percoto ou comment mettre sa plume au service de “la santa causa dei popoli” », Italies 20/2016) et sur l’écriture féminine et la représentation des femmes (« La condition féminine dans l’œuvre de Caterina Percoto », Femmes, culture et société dans les civilisations méditerranéennes d’hier à aujourd’hui : femmes et féminisme, De Boccard, 2010).
Au cours des dernières décennies, les sorcières ont intéressé différents écrivains italiens qui les ont mises au centre d’une ou plusieurs de leurs œuvres. Nous nous proposons d’étudier comment la figure de la sorcière est investie du pouvoir de nous faire penser différemment notre relation aux autres et à la nature dans deux romans italiens contemporains. Partant de la sorcière à la fois comme symbole de l’oppression féminine par le pouvoir patriarcal et de rébellion à l’ordre établi, les écrivaines Simona Lo Iacono et Laura Pariani mettent les descendantes des sorcières au contact d’autres réalités marginales et explorent les possibilités d’existence qui s’offrent à elles. En récupérant la « puissance de la mère », leurs protagonistes féminines proposent un « nouvel ordre symbolique », alternatif au système de domination masculine.
In recent decades witches have interested various Italian writers who have put them at the center of one or more of their works. We will study how, through two contemporary Italian novels, the figure of the witch is invested with the power to make us think differently of our relation to others and to nature. Starting with the witch as a symbol of female oppression by patriarchal power and rebellion to the established order, writers Simona Lo Iacono and Laura Pariani put the descendants of witches into contact with other marginal realities and explore opportunities available to them. By recovering the “power of the mother”, their female protagonists propose a “new symbolic order”, an alternative to the system of male domination.
Déborah Kessler-Bilthauer
Des histoires de sorcières : Lorsque des récits de « victimes » de sorcellerie de la Lorraine du XXIe siècle dialoguent avec des récits littéraires
[ezcol_1third]Docteure en ethnologie, Déborah Kessler-Bilthauer est membre du Laboratoire Lorrain de Sciences Sociales (EA 3471). Elle a soutenu une thèse en 2012 qui portait sur les guérisseurs et leurs rituels magico-thérapeutiques en Lorraine. À l’observatoire Hommes-Milieux du Pays de Bitche (INEE, CNRS, LabEx DRIIHM), elle est actuellement chargée de recherche. Qualifiée aux fonctions de Maître de conférences en sociologie (section CNU 19) et en anthropologie (section 20), elle est aussi chargée de cours dans plusieurs centres de formation où elle enseigne la sociologie et l’anthropologie.
Cet article aborde les contes de sorcières à travers le prisme de la sorcellerie dans la Lorraine du XXIe siècle. Les représentations de guérisseurs-désenvoûteurs et de leurs clients dévoilent ce que l’on peut appeler un système d’explication du malheur et de la maladie. S’appuyant sur une riche enquête de terrain et une large recherche documentaire, l’article montre, par des détours littéraires et des extraits d’entretien, la relation de contigüité aussi bien que les ruptures entre la sorcière des récits littéraires et les femmes accusées symboliquement d’actes de sorcellerie. Mis en valeur par ses attributs (physiques, comportementaux, moraux) et par ses pouvoirs magiques, ce personnage, à la fois fictif et réel, s’affiche comme malléable à travers les âges. Sa distinction repose sur ses pouvoirs, ses activités et sa méchanceté. Seul un héros sous les traits d’un prince charmant ou d’un désenvoûteur parviendra à libérer la sorcière, victime innocente qui pourrait bien se révéler être une princesse.
This article deals with witches’ tales from contemporary witchcraft in Lorraine. Sorcery and witchcraft is still a method used to understand tragedy, misfortune and sickness for the healers (witch-doctor) and their patients. A large literature research and a rich field investigation have allowed the collection of qualitative facts through several interviews and observations. The author used literary detours and interview extracts to reveal similarities between the witch of tales and women accused of witchcraft. The witch’s attributes (physical, behavioural, moral) and her magic powers define a malleable character crafted by fiction and reality. Specifics to the witch are her powers, her activities and her nastiness. Only a hero such as a prince charming or a healer will be able to release the innocent victim who might be a princess.
Martin Hervé
S’ensorceler. Possession et passion de l’image dans Azaël de Marcel Jouhandeau
[ezcol_1third]Martin Hervé poursuit actuellement un doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal. Au croisement de la psychanalyse et de l’anthropologie, ses recherches portent sur le démoniaque dans la littérature française du début du XXe siècle, notamment chez Georges Bernanos et Marcel Jouhandeau. Il s’intéresse aussi à la perversion, au sacré et à la superstition, et il a publié plusieurs articles dans des revues savantes ou culturelles sur ces questions. Anciennement chargé de la programmation de la Maison des écrivains et de la littérature à Paris, il est aujourd’hui membre du comité de rédaction du magazine Spirale. Il a signé la postface du roman de Mathieu Riboulet, Quelqu’un s’approche, réédité au printemps 2016 aux éditions Verdier.
Les années 1920-1930 sont marquées en France par une fièvre ésotérique à laquelle nombre d’artistes ne se montrent pas insensibles. Récemment entré en littérature sous les auspices du catholicisme, Marcel Jouhandeau pactise avec le démon de l’époque en publiant quelques courts textes à coloration ésotérique. Sauvé de l’oubli, son roman Azaël, écrit en 1927, mais publié en 1972, témoigne de ses penchants sulfureux, lorsque le monde s’abîme dans la magie des reflets, qui n’est qu’un autre nom du désir homosexuel pour lui. En vertu d’un jeu spéculaire dominé par la logique du regard, le héros du roman, Sixte, rencontre un occultiste mystérieux du nom d’Azaël. Leur mutuelle fascination se mue en une passion funeste dès lors que le mage s’approprie l’image corporelle de Sixte. S’il s’agit bien d’un vol et d’un viol de l’image, néanmoins pour tout sorcier, il faut un ensorcelé. Tout envoûtement est une fiction, une fabrique d’images captatrices qui n’agissent qu’en vertu de la croyance qu’on leur accorde. À la fois chasse amoureuse et lutte magique, Azaël dévoile le théâtre de la jouissance narcissique où le sujet célèbre son triomphe solitaire, englué dans un imaginaire peuplé d’idoles mimétiques et de fétiches creux.
In France, the period between 1920 and 1930 is marked by an esotericism infatuation to which many artists are not indifferent. At that time, Marcel Jouhandeau, who recently published his first novels, wrote some short pieces with esoteric themes. Saved from oblivion, his novel Azaël, written in 1927 but published in 1972, shows his passion for the magic of reflects and doubles, which is another word for Homosexual Desire, according to him. By relying on a specular logic dominated by the Gaze, the novel’s hero, Sixte, encounters a mysterious occultist named Azaël. Their mutual fascination turns into a fatal passion as soon as the mage steals the corporal image of Sixte. But a sorcerer implies necessarily a bewitched. A spell is a fiction, it creates images of capturing which operate only because of the belief that we give to them. Both a love hunt and a magic struggle, Azaël becomes the theater of narcissistic Jouissance where the subject celebrates his solitary triumph, stuck in the Imaginary of mimetic idols and hollow fetishes.
Corina Crainic
De la sorcellerie dans Texaco, L’Esclave vieil homme et le molosse et Un dimanche au cachot de Patrick Chamoiseau
[ezcol_1third]Corina Crainic est directrice scientifique intérimaire à l’Institut d’études acadiennes de l’Université de Moncton. Elle a mené une recherche postdoctorale intitulée Représentation de l’espace et quête identitaire dans les œuvres d’Édouard Glissant et d’Antonine Maillet et enseigné des cours de littérature antillaise à Mount Allison University et l’Université de Moncton. Elle a obtenu le doctorat en littérature des Antilles françaises à l’Université de Moncton et l’Université d’Anvers. Sa thèse intitulée Le marron dans les œuvres de Simone Schwarz-Bart, d’Édouard Glissant et de Patrick Chamoiseau. Figurations américaines postcoloniales dans la littérature antillaise contemporaine a été rédigée grâce à l’appui de plusieurs bourses importantes dont celle du Conseil de recherche en sciences humaines (CRSH). Elle a publié plusieurs articles scientifiques au Canada et à l’étranger. Elle termine la rédaction d’un livre traitant des problématiques propres aux Antilles françaises.
Cette analyse de la figure du sorcier et de ses corolaires – le puissant Mentô, le Conteur, le Marron, la magicienne africaine et l’homme qui part – dans Texaco, L’esclave vieil homme et le molosse et Un dimanche au cachot, permet de penser tout se passe comme si sorcellerie, communauté, amours et solitude correspondaient à autant d’éléments par lesquels la liberté, et l’expression pleine de l’humanité, pouvaient enfin advenir. Ces éléments, combinés de manières différentes selon les romans respectifs, rendent compte des étapes d’une réflexion qui occupe une part importante de l’œuvre de Patrick Chamoiseau. Il s’agit des modalités de la libération effective, celle par laquelle il serait possible de se défaire réellement du legs esclavagiste, l’idée ou l’émotion selon laquelle la posture de la soumission est presque indépassable. Dès ses premiers romans, qui rendent compte d’une beauté au-delà de la misère, et qui évitent ainsi le seul discours dénonciateur, et jusqu’aux œuvres qui nous occupent, en passant par Biblique des derniers gestes où le cadre post-esclavagiste est élargi à l’ensemble des pays ayant souffert des effets du colonialisme, la question du sentiment d’être véritablement libre se pose avec insistance. Comment en effet s’imaginer libre alors que la structure coloniale a multiplié les lois et les discours visant à générer une vision de soi qui perpétue la réalité esclavagiste bien au-delà de l’abolition de l’esclavage ? Comment vivre libre alors que l’on a appris l’humiliation, l’abnégation, l’injustice ? Les réponses, jamais définitives, jamais catégoriques non plus, relèvent d’une pensée qui envisage une créativité, des hommes, du Conteur, du Mentô, permettant d’imaginer des nouvelles manières d’exister, des nouvelles manières de se définir et de définir donc également l’accès aux symboles de la souveraineté.
This analysis of the figure of the sorcerer and his corollaries – the powerful Mentô, the Storyteller, the Marroon, the African magician and the man who leaves – in Texaco, L’esclave vieil homme et le molosse and Un dimanche au cachot, lets us think of witchcraft, community, love and solitude as many elements by which freedom, and the full expression of humanity, could finally be attained. These elements, combined in different ways in these novels, account for the stages of a reflection which accounts for important part of the work of Patrick Chamoiseau. These are the modalities of effective liberation, the way in which it would be possible to really get rid of the slave-like legacy, the idea or the emotion that the posture of submission is almost unassailable. From his first novels, which account for a beauty beyond misery, and which thus avoid the only denunciatory discourse, and even the works that occupy us, going through Biblical the last gestures in which the post-slavery framework Is extended to all the countries that have suffered the effects of colonialism, the question of the feeling of being truly free arises with insistence. How can we imagine ourselves free when the colonial structure has multiplied the laws and discourses aimed at generating a vision of self that perpetuates the slavery reality far beyond the abolition of slavery ? How can we live free when we have learned humiliation, self-denial, injustice ? The answers, never definitive, never categorical either, belong to a thought that envisages a creativity, of men, of the Storyteller, the Mentô, allow us to imagine new ways of existing, new ways of defining oneself and therefore the access to the symbols of sovereignty.
Fatima Ouachour
Altérité et métissage dans la saga Harry Potter : une dialectique clandestine
[ezcol_1third]Fatima Ouachour est docteure en histoire ancienne et chercheure associée au CRHIA – à l’Université de Nantes. Elle est co-responsable du projet MEDI « Métissages et dialectique identitaire : mondes anciens, mondes contemporains » à l’Université de Nantes (MSH Nantes, 2016-2017). Ses publications récentes comportent : « L’Afrique du Nord ancienne à la croisée des mondes libyque, phénicien et romain : étude des métissages et des processus d’interconnexions et d’entrelacements culturels » (dans S. Capanema, Q. Deluermoz, M. Molin et M. Redon (dir.), Penser les métissages : pratiques, acteurs, concepts, Rennes, PUR, 2015, p. 485-499) ; et « Réflexions sur le concept de Métissage en Afrique du Nord antique » (dans I. Pimouguet-Pédarros, M. Clavel-Levêque et F. Ouachour (dir.), « Hommes, cultures et paysages de l’Antiquité à la période moderne », Mélanges offerts à Jean Peyras, Rennes, PUR, 2013, p. 103-121).
Tout au long de l’histoire, les visages des sorciers et la représentation de la sorcellerie ont été nombreux et variés. Le pouvoir magique s’exerce toujours dans la clandestinité et lorsqu’il est mis au grand jour, celui qui est accusé de magie est menacé de mort ; la magie étant considérée comme un crime capital. Ainsi, Apulée de Madaure, écrivain et rhéteur du IIe siècle de notre ère ayant considérablement marqué la littérature antique, fera l’objet d’une accusation de magie, en vertu de la loi Cornelia. Il composera et prononcera son Apologie pour se défendre de cette accusation, renforcée notamment par ses détracteurs à travers son ascendance et son statut de sang-mêlé. Dans le roman Harry Potter, le statut du sang-mêlé prend également une importance considérable et illustre une catégorisation hiérarchisante omniprésente dans le monde des sorciers. Synonyme de « mélange », de « croisement », « d’hybridité », « d’acculturation », de « fusion » ou, pire, de « miscégination » et d’« abâtardise », le terme de sang-mêlé porte encore les traces implacables et violentes des anciennes idéologies comme des anciennes anthropologies coloniales de dégénérescence génétique, de transgression, d’impureté, de souillure, de péché même. Mais, bien qu’il ne soit jamais nommé explicitement, ce métissage oriente toute la dialectique du mélange entre clandestinité et nécessité. Nous nous demanderons donc de quelle façon ce concept est appréhendé et vécu dans le monde des sorciers proposé par le roman Harry Potter.
Throughout history, numerous references to wizards’ faces tell us on the representation of wizardry. Magic power is always used in secrecy and, once disclosed, the wrongdoer is threatened with death, for magic is considered as a capital offence. Likewise, back in the Second Century, the influent rhetorician Apuleius of Medaura was once accused under the Cornelia law of magic wizardry. This subsequently led him to give his Apology to defend himself against such charges that opponents made even heavier, blaming him for his lineage and mixed blood. In Harry Potter, blood mixing is a major issue ; it illustrates the omnipresence of hierarchical categorisation in the world of wizards. Synonymous with « mixing », « crossbreeding » or « hybridity », « acculturation », « fusion », and, even worse, with « miscegeneration » and « bastardisation », the words « mixed blood » or « half-blood » are the implacable and violent reminiscence of ancient ideologies such as colonial anthropology of genetic degeneration, transgression and impurity, of straining and even of sin. Even though it is not mentioned, the racial mixing leads the whole dialectic of blood mixing halfway between secrecy and necessity. We may thus wonder to what extent this issue is dealt with and experienced in the wizarding world.
Créations
Section composée par Catherine Mavrikakis et Andrea Oberhuber
Catherine Mavrikakis et Andrea Oberhuber
Sorts et sortilèges de l’art
[ezcol_1third]Andrea Oberhuber est professeure à l’Université de Montréal où elle enseigne les littératures française et québécoise, notamment l’écriture des femmes (XIXe-XXIe siècles), les avant-gardes historiques et les rapports texte/image (littérature et photographie). Elle a dirigé, entre autres, le collectif Claude Cahun : contexte, postures, filiation. Pour une esthétique de l’entre-deux (2007) ainsi que les dossiers « Voir le texte, lire l’image » (Dalhousie French Studies, no 89, 2009) et « À belles mains. Livre surréaliste, livre d’artiste » (Mélusine (no 32, 2012). Son essai Corps de papier. Résonances est paru en octobre 2012 chez Nota bene.
Catherine Mavrikakis est professeure de littérature et de création à l’Université de Montréal. Elle est aussi romancière et a publié cinq romans, dont Le ciel de Bay city et Les derniers jours de Smokey Nelson aux éditions Héliotrope (Québec) et aux Éditions Sabine Wespieser (France).
Patrick Cady
Série des chœurs
Patrick Cady est né à Angers en 1948. Après une maîtrise de lettres, un doctorat de psychopathologie clinique et de psychanalyse à l’Université Paris VII (1977), il a commencé sa pratique de psychanalyste. Il est également sculpteur et conseiller littéraire. Il a publié Quelques arpents de lecture : abécédaire romanesque québécois (L’Hexagone, 1995), Le bal des humains, avec Suzanne Jacob (Éd. des 400 coups, 2007), L’art de l’humain (Liber, 2011), Le cérémonial (Liber, 2013) et Comment aider votre psy à réussir votre psychothérapie (Liber, 2015).
Anne-Renée Caillé
Des promesses
Anne-Renée Caillé est née en 1983 et vit à Montréal. Elle collabore au cahier critique de la revue Liberté depuis 2012, où elle écrit sur la poésie d’ici et d’ailleurs. Elle a publié en 2017 L’Embaumeur aux Éditions Héliotrope.
Chloé Savoie-Bernard
Pas de vaudou chez les Bernard
Chloé Savoie-Bernard est doctorante à l’Université de Montréal. Elle a publié un recueil de poésie (Royaume scotch tape, 2015) et un recueil de nouvelles (Des femmes savantes, 2016), qui a notamment été finaliste au Prix des collégiens. Ses recherches, financées par le CRSH, sont dirigées par Karim Larose. Sa thèse porte sur la construction de la mémoire et de l’histoire dans la poésie féministe québécoise de 1960 à 1980. En outre, elle a signé des chapitres d’ouvrages collectifs, a présenté des communications dans des colloques au Québec, en France et aux États-Unis et a codirigé des numéros de revues. En tant qu’écrivaine, elle a également collaboré à des projets artistiques interdisciplinaires en musique et en arts visuels, ainsi qu’à plusieurs revues (Nouveau Projet, Contre-jour, Françoise Stéréo, Le Crachoir de Flaubert).
Doris Eibl
The Glitter Box Witches
Doris G. Eibl, Dr., is assistent professor at the Department of Romance Languages and Literatures at the University of Innsbruck, Austria. She has widely published on a variety of 20th and 21st century authors and presently works on surrealist women writers and painters who emigrated to Mexico during Word War II.
Karianne Trudeau Beaunoyer
La disgracieuse
Étudiante à la maîtrise en Littératures de langue française à l’Université de Montréal, Karianne Trudeau Beaunoyer rédige actuellement, sous la direction de Catherine Mavrikakis, un mémoire en recherche-création où elle s’intéresse à la pratique de l’autoportrait, aux seuils – du texte à l’image, du réel à la fiction – que cette forme d’écriture autoréférentielle redéfinit incessamment et à ses implications sur les possibles et les limites de la représentation en littérature. Elle est rédactrice en chef de la revue Moebius, et ses textes de création sont aussi parus dans les revues Le Pied et Estuaire. À compter de l’automne 2017, elle sera directrice littéraire pour la section Poésie de Triptyque.
Karissa Larocque
BLUE
Karissa Larocque is currently an MA candidate in English at Concordia University, where you can find her looking out the window or subtweeting herself at @_karissy.
Fabrice Schurmans
Le retour des Grées
Fabrice Schurmans, originaire de Liège, est chercheur au Centre d’Études Sociales de l’Université de Coimbra, dans le cadre du projet de recherche Memoirs financé par une bourse du Conseil Européen de la Recherche (ERC). Ses recherches portent sur les littératures francophones contemporaines, les théories postcoloniales et le théâtre. Il a traduit des dramaturges portugais du XXe siècle, a publié deux livres, des articles (disponibles sur Academia) ainsi que des nouvelles dans les revues Balises, mot dit et Nouvelle Donne.
Évelyne Ledoux-Beaugrand
Oracle pour la chasse
Titulaire d’un doctorat en littératures de langue française de l’Université de Montréal, Evelyne Ledoux-Beaugrand est l’auteure de l’essai Imaginaires de la filiation. Héritage et mélancolie dans la littérature contemporaine des femmes (XYZ 2013) et de nombreux articles portant notamment sur la littérature des femmes, les féminismes et la postmémoire. Elle enseigne le français et mène des recherches à l’Université de Gand.
Amélie Hébert
La cabane
Amélie Hébert est diplômée de la maîtrise en littératures de langue française de l’Université de Montréal et est spécialisée en recherche-création. Originaire de la banlieue, elle s’intéresse aux questions de territoire et d’appartenance. Elle est l’auteure d’un recueil de poésie intitulé Les grandes surfaces qui traite entre autres de ces questions. Il sera publié à l’automne chez Le lézard amoureux. Elle a aussi publié dans la revue Le Pied plusieurs textes de poésie et de fiction.
Marc Babin
Drogue, Grolsch, Troll
Né en France, Marc Babin grandit au Québec. À l’âge adulte, il s’installe à Montréal où il étudie la littérature. Son premier roman, L’expérience du torse, est paru en mars 2017 aux Éditions Tryptique.
Chia-Lun Chang
Color
Chia-Lun Chang is the author of a chapbook, One Day We Become Whites (No, Dear/Small Anchor Press, 2016) and a recipient of fellowships from Lower Manhattan Cultural Council, The Center for Book Arts and Poets House. Born and raised in Taipei, Taiwan, she lives in New York City.
Thara Charland
Dakota
Thara Charland est doctorante et chargée de cours au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur l’héritage littéraire et la filiation intellectuelle au sein de la littérature québécoise contemporaine ainsi que sur les liens entre le territoire, la mémoire et la transmission.
Émilie Maltais
La muette
Emilie Maltais poursuit de lentes études en littérature à l’Université de Montréal. Elle participe parallèlement aux activités des Éditions Fond’tonne depuis 2013 ainsi qu’au comité de lecture de la revue Le pied. Ses textes, qui explorent les thèmes du deuil et de la maternité, sont parus dans L’organe, Le pied ainsi que dans la micro-revue Intimité du festival Dans ta tête.
Adèle Barclay
Spell for Pisces New Moon
Adèle Barclay’s writing has appeared in The Fiddlehead, The Puritan, PRISM, The Literary Review of Canada, and elsewhere. She is the recipient of the 2016 Lit POP Award for Poetry and the 2016 Walrus Readers’ Choice Award for Poetry and has been nominated for a Pushcart Prize. Her debut poetry collection, If I Were in a Cage I’d Reach Out for You (Nightwood, 2016), was nominated for the 2015 Robert Kroetsch Award for Innovative Poetry. She is the Interviews Editor at The Rusty Toque, a poetry ambassador for Vancouver’s Poet Laureate Rachel Rose, and the 2017 Critic-in-Residence for Canadian Women in Literary Arts. She holds a PhD in English from the University of Victoria and researches modern and contemporary American poetry.
Rodney Saint-Éloi
Veux-tu être mon sorcier ?
Poète, écrivain, essayiste, éditeur, né à Cavaillon (Haïti), Rodney Saint-Éloi est l’auteur d’une quinzaine de livres de poésie, dont Je suis la fille du baobab brûlé (2015, finaliste au prix des Libraires, finaliste au Prix du Gouverneur général), Jacques Roche, je t’écris cette lettre (2013, finaliste au Prix du Gouverneur général). Il dirige plusieurs anthologies. Il a publié Haïti Kenbe la ! en 2010 chez Michel Lafon (préface de Yasmina Khadra). Pour la scène, il a réalisé plusieurs spectacles dont Les Bruits du monde, les Cabarets Roumain, Senghor, Césaire, Frankétienne. Il est l’auteur de l’essai Passion Haïti (Septentrion, 2016). Lui a été décerné le prestigieux prix Charles-Biddle en 2012. Il a été reçu en 2015 à l’Académie des lettres du Québec. Il dirige la maison d’édition Mémoire d’encrier qu’il a fondée en 2003 à Montréal.
Jessi MacEachern
To Read of Women and Men
Jessi MacEachern is a PhD candidate in the Département de littératures et de langues du monde at the Université de Montréal. Her poetry has previously appeared in CV2 and PRISM. Her writing on the feminist poetics of the modernist H.D. and the contemporary poet Lisa Robertson will appear in forthcoming edited collections from the University of Florida Press and McGill-Queens University Press.
Hélène Laforest
Les ensorcelées
Hélène Laforest a complété en 2014 une maîtrise en recherche-création à l’Université de Montréal. Sa recherche portait sur la réécriture féministe des contes chez Nelly Arcan et Christine Angot. Après avoir publié quelques textes dans Le Pied durant ses études, elle a fait paraître une nouvelle dans Brins d’éternité et une autre dans Nyx. Elle fait partie du comité de lecture du Pied et de celui de Nyx. Elle publiera prochainement son premier roman, aux Éditions Prolepse.
Jacqueline de Jong
Les Insoumis
Painter, sculptor and graphist, Jacqueline de Jong was born in 1939, in Hengelo, Netherlands. She moved to Paris early in the 1960s and studied at Stanley Hayter’s Atelier 17. She also joined the avant-garde movement Situationist International, of which she was finally expelled in 1962. She responded by creating and publishing six issues of The Situationist Times, an experimental journal combining essays and artworks. She now lives in Amsterdam and since 2012 she frequently exhibits her work in the United States. Imaginary Disobedience, Potato Blues and Pommes de Jong are among her latest solo shows displayed in 2017, in The Hague, Paris, London and Los Angeles.
Entretien
Entretien avec Hélène Hotton
Réalisé par Jean-Philippe Beaulieu
Spécialiste du discours démonologique à la Renaissance, Hélène Hotton a consacré une thèse de doctorat à la construction du motif de la marque diabolique dans les traités de démonologie à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, en s’attachant particulièrement à la conception de l’altérité que sous-tend cette étrange sémiologie. Elle est présentement coordonnatrice scientifique du Centre de recherche interuniversitaire sur la la littérature et la culture québécoises à l’Université de Montréal.
Mise en ligne : Mathieu Laflamme
Avec le soutien du Vice-décanat à la recherche et création, des donatrices et des donateurs.