Portrait de la mère en Amazone

Céline Cadaureille, Portrait de la mère en Amazone, 2019, porcelaine et couteau sur étagère, 45 x 17 x 19 cm.

Céline Cadaureille

Céline Cadaureille est née en 1981, elle vit et travaille en France à Saint-Étienne. Suite à un double cursus entre les Beaux-Arts et l’Université d’arts plastiques, elle développe un travail de recherche engagé à la fois dans la théorie et la pratique. Elle est membre associée du laboratoire LLA-Créatis où elle a soutenu sa thèse intitulée « L’obscénité et les limites du voir ». Aujourd’hui rattachée au CIEREC, elle poursuit ses recherches sur les représentations des désirs et des peurs à travers la sculpture, l’installation et la performance. Elle a contribué à de nombreux ouvrages collectifs et a récemment publié La dynamique du mou (éd. PUM). En tant qu’artiste, elle participe régulièrement à des expositions collectives de niveau national et travaille actuellement pour une exposition personnelle au musée des moulages de Lyon (mai 2020). Elle a également reçu différents prix et aides, par exemple en 2011 de la DRAC Midi-Pyrénées pour une aide à la création individuelle et, plus récemment, de la DRAC Rhône-Alpes Auvergne pour l’achat d’un four de céramiste. Son travail artistique s’est développé à travers différentes résidences, en France, comme à la Cité internationale de Paris en 2012, mais aussi au Canada (Est Nord Est, 2011). Le Canada est d’ailleurs un pays dans lequel elle a eu l’occasion d’intervenir à plusieurs reprises. Elle fut invitée en 2015 au colloque international « Imaginaires des pornographies contemporaines » (Figura, UQAM) et elle a aussi présenté son travail artistique à travers des publications et portfolios (Revue Mot dit, no 8, Ottawa, 2016 ; Revue Inter, no 112, Québec, 2012).

La figure de l’Amazone se réinvente aujourd’hui grâce à de nombreuses femmes qui mènent une guerre contre des envahisseurs prolifiques menaçant leur organisme. Elles acceptent alors l’ablation d’un organe pour survivre, elles tuent le serpent qu’elles ont réchauffé trop longtemps en leur sein et arrachent de leurs chairs un crabe vorace… Suite à ce combat, elles se trouvent transformées mais également unies, dans le secret, par la peur qu’elles ont traversée. Ce Portrait de la mère en Amazone se concentre sur cette poitrine pour évoquer par métonymie la maman à travers ses mamelles. Un biscuit de porcelaine présente un moulage annonçant à la fois la fragilité et la force de ces femmes qui survivent et surmontent la maladie, les armes à la main. Aussi, sur cette étagère, le couteau de ma grand-mère (à la lame usée et rouillée) se trouve fiché dans le bois avec brutalité. À cet emplacement, il cache autant qu’il révèle la mutilation de la mère. Cet ensemble qui repose sur une planche de noyer rassemble donc plusieurs générations de femmes pour former un autel en suspens… en hommage.


Pour citer cette page

Céline Cadaureille, « Portrait de la mère en Amazone », MuseMedusa, no 7, 2019, <> (Page consultée le ).


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