Lydia Flem vit et travaille à Bruxelles et à Paris. Née en 1952 à Bruxelles, elle est psychanalyste, écrivaine et photographe. Membre de l’Académie royale de Belgique, ses livres, publiés au Seuil, dans la « Librairie du XXIe siècle », dirigée par Maurice Olender, sont traduits dans une vingtaine de langues. Elle est notamment l’auteure d’essais sur Freud et Casanova, de la Voix des amants (2002) et d’une trilogie familiale : Comment j’ai vidé la maison de mes parents (2004), Lettres d’amour en héritage (2006) et Comment je me suis séparée de ma fille et de mon quasi-fils (2009). Elle a aussi fait paraître un conte philosophique, La Reine Alice (2011) ainsi que Je me souviens de l’imperméable rouge que je portais l’été de mes vingt ans (2016).
Sa plus récente parution est : La Vie quotidienne de Freud et de ses patients (1986, 2018, avec une préface de F. Benslama).
Son œuvre photographique a été exposée en solo à l’Imec-Caen (2011), Bruxelles (2011-12), Berlin (2014) et à la Maison européenne de la photographie à Paris (2015). Cette exposition a donné lieu à la publication d’un catalogue de 97 photographies : Journal implicite (La Martinière/Maison européenne de la photographie, 2013).
Ses photographies sont représentées par la galerie Françoise Paviot, Paris.
Une après-midi de novembre 2016, une paire de vieux ciseaux à la main, (peut-être les avais-je trouvés en vidant la maison de mes parents), je travaillais à une série de photographies autour de l’écriture. Soudain le téléphone sonna. Maurice Olender me fit part de la préparation d’une soirée « Coïncidences » à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, autour du livre d’Ivan Jablonka, Laetitia ou la fin des hommes. Il me proposait, à la demande de l’auteur, d’y prendre la parole. À cette invitation, je pris le risque de répondre que je souhaitais à cette occasion créer une nouvelle série d’images.
Ayant raccroché, les ciseaux de papier toujours à la main, il me vint à l’idée de découper en zig zag quelques publicités de femmes vantant des parfums de luxe. Puis, j’aperçus une reproduction de la Fornarina de Raphaël qui se trouvait dans mon bureau ; j’y posai la paire de ciseaux ouverte encadrant son regard. Ensuite, j’ai cherché parmi les livres de ma bibliothèque, les visages iconiques des muses qui célèbrent la beauté idéalisée des femmes depuis des siècles, ces visages que tout le monde connaît et reconnaît : Vénus de Botticelli, Jeune fille à la perle de Vermeer, Flore de Rembrandt, Amies de Klimt, etc.
Sur de très banales reproductions de chefs d’œuvre de l’histoire de l’art occidental, j’ai posé mes ciseaux rouillés, avant de les photographier. Je revendique cette banalité de la forme parce qu’elle résonne avec la banalité du fond : ce mélange millénaire de l’exaltation de la beauté féminine et de la violence qui ne cesse d’être faite aux femmes parce qu’elles sont des femmes.
En février 2017, au cours de cette soirée à la Maison de l’Amérique latine, que dirige François Vitrani, j’ai projeté une vidéo de 3’30 qui faisait défiler près de 70 photographies de cette série, que j’ai nommée Féminicide, concept juridique, né en Amérique latine, devenu ici concept, outil et dispositif esthétique.
Lydia Flem
Pour citer cette page
Lydia Flem, « 15 photographies extraites de la série Féminicide », MuseMedusa, no 6, 2018, <> (Page consultée le setlocale (LC_TIME, "fr_CA.UTF-8"); print strftime ( "%d %B %Y"); ?>).