Dibutade… traits et retraits
Dibutade draws and withdraws

Catherine Mavrikakis et Geneviève Robichaud

Catherine Mavrikakis
Geneviève Robichaud
Thara Charland

Catherine Mavrikakis est professeure au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Elle a publié de nombreux romans, essais et textes de fiction. Elle est codirectrice de MuseMedusa.

Geneviève Robichaud is a PhD candidate in the Département de littératures et langues du monde at the Université de Montréal. Her SSHRC funded research (Social Sciences and Humanities Research Council) focuses on the poetics of translation in contemporary experimental writing. Her writing has recently appeared in Canada and Beyond, Intermédialités, Flat Singles Press and The Boston Review. She is the author of the chapbook Exit Text (Anstruther Press, 2016), a nano-essay on the errant and secret life of ideas.

Thara Charland est doctorante et chargée de cours au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur l’héritage littéraire et la filiation intellectuelle au sein de la littérature québécoise contemporaine ainsi que sur les liens entre le territoire, la mémoire et la transmission.


Dibutade, la discrète, l’oubliée de l’histoire, la disparue, ressurgit de temps à autre.

Ici, elle s’impose à la fois fortement et timidement à l’occasion de quelques textes. Elle imprègne quelques images. À peine, arrive-t-elle à exister au gré des représentations contradictoires, hétéroclites de son mythe.

Amoureuse désespérée, mère de la peinture, muse de la poterie, elle est celle qui s’efface des grands récits pour aller veiller sur la littérature et la peinture en mode mineur. Elle se faufile en catimini dans nos imaginaires modernes, dans nos petites fictions parcellaires sur l’origine, sur la disparition, la création au féminin et la filiation. Cet être de l’ombre échappe à l’étreinte. Elle préfère se pencher sur ce qui n’est plus et dont elle sait saisir le contour fuyant, flou, l’évanescence.

Dibutade ici n’a pas accompagné les artistes. Elle a pourtant cheminé avec eux, spectrale.

Elle leur a fait jurer que la création garderait ses secrets.

Oui, Dibutade a fait ici trois petits tours et puis… elle est partie.

Dibutade draws and withdraws. She drifts, like a somnambulist, a shape-shifting protagonist. She appears as the author of an untranslatable text. Moves across its oblique, desiring lines. Teaches the art of shadow writing, one that dreams the outline of its own profile. Gives body to an excess that is its own double.

Dibutade traces a literaryscape: strange, residual narratives overlapping, always underwritten. Dirt and sediment. She moves along the fault lines of light, language and love. Something aches. Dibutade’s hand traces language’s idiosyncratic edge as it moves across skin or paper, across buildings or curtains, draws and withdraws.

Dibutade’s hand turns the shadow of the lover into a bitextual figure, moves across the edges in order to see. Listless, she traces the invisible contours of a room, an empty chair, a ghostly tale. She watches for the shift, watches for writing that keeps the memory of other writing within it. At night, or on days when the wind shakes the memory of the text, something inside it creaks. Desire moves across a percussive membrane.

*

Cette section a été pensée par Geneviève Robichaud et Catherine Mavrikakis, en collaboration avec Thara Charland.


Pour citer cette page

Catherine Mavrikakis et Geneviève Robichaud, « Dibutade… traits et retraits. Dibutade draws and withdraws »,  MuseMedusa, no 6, 2018, <> (Page consultée le ).


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